"Les chemins de traverse" de Maximilien Le Roy et Soulman
"Les chemins de traverse" de Maximilien Le Roy et Soulman, la boîte à bulles, 2010
Ce sont bien des "chemins de traverse" que les deux personnages de ce livre, l'un palestinien, l'autre israélien, ont choisi de s'aventurer : le sentier du petit nombre, celui du "taayoush" ou "vivre ensemble" en arabe. Le "taayoush", c'est également le nom d'un mouvement de désobéissance civile, né en 2000, avec la vocation de créer des connexions judéo-arabesjudéo-arabes.
Maximilien Le Roy et Soulman mettent en images les témoignages de deux militants partis à contre-courant de leur propre camp ...Au travers de trajectoires individuelles, un projet alternatif dans ce conflit sans fin.
Dans l'avant-propos, Maximilien Le Roy explique que les deux histoires que le lecteur va découvrir sont des histoires vraies.
La première est l'histoire d'Osama, Palestinien de 44 ans. L'histoire de sa vie est faite de deuils. Nombreux sont ses proches qui sont tombés sous les balles israéliennes. Alors qu'il pourrait tomber dans la violence par désir de vengeance, Osama va découvrir le forum israélo-palestinien "le cercle des parents" qui réunit des familles meurtries de part et d'autre. Sa femme, d'abord réfractaire, finira par le suivre car "toutes ces histoires lui avaient fait réaliser que les larmes avaient le même goût salé, quelle que soit la terre de naissance".
La deuxième histoire est celle de Matan, Israélien de 22 ans. Très jeune, il se lance dans des actions humanitaires auprès des Palestiniens. A l'âge de servir l'armée de son pays, il se fait objecteur de conscience. A 17 ans, alors qu'il participe à une manifestation contre la construction du mur, il est blessé par un tir israélien qui lui fera perdre un oeil. Matan souhaite une prise de conscience de la population israélienne face à l'endoctrinement imposé par l'Etat.
Cette bande dessinée pousse à la réflexion autour de ce sujet si brûlant et dérangeant qu'est le conflit israélo-palestinien. Les auteurs ont choisi de s'arrêter sur deux hommes vivant de part et d'autres de la frontière, qui ont repoussé la voie facile de la violence et de la vengeance. Les histoires qui nous sont racontées sont poignantes, émouvantes mais aussi révoltantes par certains aspects.
Cette bande dessinée ouvre sur une note qui se veut positive : il est possible d'enrayer la situation de violence et de mépris de la condition humaine actuelle. Malheureusement, seront-ils assez nombreux à s'en rendre compte et à se donner les moyens qui permettraient de faire aboutir ces chemins de traverse?