"Correspondante de guerre" de Daphné Collignon
C'est avec cette bande dessinée que je renoue avec la bd du mercredi, rendez-vous que j'ai quelque peu délaissé ces dernières semaines!
"Correspondante de guerre" de Daphné Collignon, Soleil, 2009.
"Je me suis rendue compte que le livre était un très bon support pour raconter les choses, puisqu'il n'y avait pas d'espace dans les journaux. Mais je ne me considère pas comme écrivain. Et j'ai l'impression que je ne suis plus tellement journaliste non plus ... Alors, peut-être que grand reporter, oui, c'est ce qui se rapproche le plus de ce que je suis, parce que ça correspond au fait de partir sur le terrain, et de raconter ce que j'ai vécu ..."
Cette bande dessinée commence par la rencontre de deux femmes : Daphné Collignon, la dessinatrice et Anne Nivat, la grand reporter. Alors qu'elle entend une interview d'Anne Nivat à la radio, Daphné Collignon tombe sous le charme. Elle souhaite rencontrer cette femme afin de lui proposer de faire son portrait par le biais d'une bande dessinée. Cette bande dessinée est le résultat de plusieurs entretiens entre les deux femmes.
Cette bande dessinée m'a permis de découvrir Anne Nivat que je ne connaissais pas du tout. Cette femme qui couvre des guerres avec une méthode qui lui est propre : elle se rend seule dans les pays en guerre et y vit plusieurs mois parmi la population. Elle fait ensuite remonter les témoignages, les histoires des anonymes qui vivent la guerre au quotidien, ceux dont on ne parle jamais dans les journaux télévisés et qui n'ont pas droit de cité au 13h et au 20h. Anne Nivat dit d'elle qu'elle est une "éponge" : elle s'imprègne de la situation locale et tente de la retranscrire le plus fidèlement possible. Elle revendique le droit des journalistes à prendre leur temps et dénonce le journalisme actuel qui passe d'une actualité à une autre dans une sorte de boulimie.
Le parcours de cette femme et sa philosophie ne m'ont pas laissée insensible et m'ont donné envie d'en savoir un peu plus sur son travail. J'ai trouvé cette bande dessinée très intéressante et je dois saluer le travail de la dessinatrice, Daphné Collignon, qui est tout simplement sublime. Les tons sont sombres avec, parfois, des touches vives de couleur rouge ou orangée. J'ai beaucoup apprécié les nombreux portraits qui jalonnent cette bd.
Pour aller plus loin, voilà l'interview d'Anne Nivat suite à la publication de son livre "Bagdad, zone rouge" :