"Rien ne s'oppose à la nuit" de Delphine de Vigan

"Rien ne s'oppose à la nuit" de Delphine de Vigan, Editions JC Lattès, 2011.

Quatrième de couverture : "Ma famille incarne ce que la joie a de plus bruyant, de plus spectaculaire, l'écho inlassable des morts, et le retentissement du désastre. Aujourd'hui je sais aussi qu'elle illustre, comme tant d'autres familles, le pouvoir de destruction du verbe, et celui du silence".

Première phrase : "Ma mère était bleue, d'un bleu pâle mêlé de cendres, les mains étrangement plus foncées que le visage, lorsque je l'ai trouvée chez elle, ce matin de janvier".

Mon avis : Dans ce livre, l'auteur, Delphine de Vigan, raconte l'histoire de sa mère, Lucile. Une histoire qui va plonger ses racines dans l'histoire familiale. Une histoire douloureuse, qui ébranle, qui émeut, et ce, à plus d'un titre.Delphine de Vigan revient sur la rencontre de ses grands-parents maternels, Liane et Georges, le désir de Liane d'avoir une famille nombreuse. Elle sera exaucée en donnant naissance à huit enfants. L'histoire de cette famille est singulière du fait du poids écrasant et de la personnalité trouble du père, du fait aussi, des drames qui vont marquer les esprits, s'imprimer dans les chairs. C'est dans cet environnement que grandit Lucile, la jolie petite fille, modèle dans les magazines, qui va devenir une très belle femme. Elle se retrouve très jeune, mère de deux enfants. Séparée de leur père, elle doit trouver un emploi alors qu'elle n'a aucune formation pour les élever. Un certain mal de vivre semble pourtant s'installer en elle. Jusqu'au jour où elle sombre et paraît gagnée par une certaine forme de folie qui va l'amener à son premier internement. S'en suivront des périodes d'accalmie et des périodes de rechute. L'auteur revient sur ses souvenirs d'enfance, la façon dont elle a perçu l'évolution de sa mère. Elle raconte les moments tragiques, parfois à demi mot, toujours avec pudeur. Ce sont des moments forts, difficiles. Malgré les nombreux incidents qui émaillent la jeunesse de l'auteur et de sa soeur, le lecteur ressent l'amour qu'elle a pour cette mère qui ne correspond en rien au modèle de la mère idéale. J'ai apprécié cette douceur malgré la douleur.
Certains ont critiqué ce livre, le trouvant voyeuriste. Personnellement, je n'ai pas trouvé que Delphine de Vigan soit tombée dans ce travers. Elle raconte ce qu'elle a vu, entendu, ressenti et rappelle régulièrement, dans les pages de son livre, le caractère subjectif de ses propos. Dans certains cas, elle précise qu'elle a recueilli plusieurs versions d'un même événement auprès des membres de sa famille. Bien sûr, elle met le doigt là où ça fait mal et certains membres de sa famille, notamment son grand-père, en sortent écornés. Je peux comprendre que les proches aient pu être ébranlés. En tant que lectrice, j'ai trouvé que le fond, l'ambiance familiale était un élément important voire déterminant pour mieux comprendre la trajectoire de Lucile.
En conclusion, j'ai trouvé ce livre prenant et emprunt d'une belle émotion malgré la dureté de ce qui est relaté.

Note : 8/10

Comments

[Lorence]

Tu donnes envie de lire ce livre.