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23 août 2012

"Bagdad, zone rouge", Anne Nivat

9782213635361« Bagdad, zone rouge » de Anne Nivat, Fayard, 2008

« Rouler ! Rouler dans Bagdad, indéfiniment, sans vraie raison, si ce n'est que tu veux voir, voir ce qui se passe, même s'il ne se passe rien de sensationnel. Tu ne te lasses pas de regarder à quoi ressemble une ville morte, figée dans la peur, une ville où personne n'est censé se promener. Rouler dans cette ville, c'est se laisser aller à l'envoûtement du spectacle qui défile devant tes yeux, comme au cinéma. Sauf que tu es à Bagdad-la-mystérieuse, Bagdad-la-maudite, Bagdad-l'oubliée. Rouler à défaut de pouvoir faire autre chose, rouler pour se convaincre qu'on existe, que la ville n'est pas un mirage, qu'elle fonctionne cahin-caha et que tu en témoigneras. Rouler, ici, c'est comme prendre un tranquillisant, ou un excitant, ou peut-être bien les deux, ça dépend. Car rouler c'est se perdre, et c'est aussi se laisser aller à franchir courageusement d'invisibles frontières.»

J'ai découvert Anne Nivat en lisant une bande-dessinée (« correspondante de guerre » de Daphné Collignon). Cette bd m'avait donnée très envie de lire un livre de cette femme reporter. Aussi, quand je suis tombée sur « Bagdad, zone rouge », je n'ai pas hésité une seconde.

Anne Nivat a une conception assez personnelle du métier de journaliste. Elle aime prendre son temps et faire des reportages de fond qui reposent avant tout sur l'humain. Aussi, en 2007, elle se rend plusieurs fois à Bagdad. Mais elle ne va pas rester dans la « zone verte », la zone ultra protégée où résident habituellement les journalistes. Elle va vivre dans une famille, au cœur de Bagdad, dans ce qu'on appelle la « zone rouge » par opposition à la « zone verte ». Elle sait se faire discrète pour ne pas éveiller la curiosité et pour ne pas mettre ses hôtes en difficulté. C'est en vivant au cœur de cette famille qui lui permet d'entrer en contact avec de nombreux Bagdadis et qui la véhicule qu'Anne Nivat va consigner de nombreux témoignages. Son objectif : donner la parole à ceux qui ne l'ont jamais, les oubliés du 20h et dépasser la vision que les occidentaux peuvent avoir de la capitale Irakienne. Elle veut montrer que cette ville et, par extension, ce pays, ne se limite pas aux attentats.

Le livre date de 2007 et on peut se demander si les constats posés par les témoignages recueillis dans ce livre ont évolué. Force est de constater qu'aujourd'hui on nous parle très rarement (voire jamais) de la vie des civils Irakiens.

C'est un livre qui aborde des thèmes politiques, mais Anne Nivat fait en sorte de ne pas prendre parti, ce qui devrait être l'attitude de tout journaliste. Les témoins s'expriment librement et donnent leur avis sur la situation de leur pays. Dans quelle mesure se livrent-ils totalement ? C'est une des questions que l'on peut se poser. Se sentent-ils libres de dire ce qu'ils pensent réellement à une journaliste occidentale, d'une culture différente ? La question me paraît intéressante mais, bien sûr, il est quasiment impossible d'y répondre.

Dans tous les cas, je dois dire que j'apprécie la manière dont Anne Nivat entend faire du journalisme. C'est une femme qui a des convictions et qui doit avoir une sacrée force de caractère pour faire son travail.

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