"L'obscure ennemie" de Elisabetta Rasy

"L'obscure ennemie" de Elisabetta Rasy, Seuil, 2010 (original : 2007), traduction : Nathalie Bauer.

"De sa jeunesse d'aspirante actrice, avant guerre, madame B. a gardé une grâce que ses amours contrariées et les difficultés n'ont jamais altérée ; et quand elle arpente de son pas léger les rues de Rome le matin de bonne heure, on pourrait la croire éternelle. Aussi la radio des poumons qu'elle mentionne au détour de la conversation n'alarme-t-elle en rien sa fille, la narratrice, qui ne l'a jamais vue vieillir. Un simple examen de routine, que justifie une ancienne tuberculose. Mais il en va tout autrement. C'est le début d'un douloureux voyage à travers le monde hostile de la maladie, où tout, vocabulaire, codes, relations humaines, est à apprendre. La narratrice voudrait accompagner sa mère le long de ce chemin, mais elle ne sait comment s'y prendre, elle a peur, elle se perd. Et, peu à peu, un silence maladroit s'installe entre les deux femmes pourtant profondément liées. Car madame B. a également entrepris un voyage intérieur, parmi les souvenirs et au fond de son âme, où elle aimerait entraîner sa fille. Une fille écrivain à laquelle le langage fait soudain défaut. Elisabetta Rasy brosse avec pudeur le portrait d'une mère insoumise confrontée à la mort et aux fantômes de son histoire, et celui d'une fille, spectatrice épouvantée."

Madame B., octogénaire, est une femme indépendante, au caractère affirmé que ses deux enfants ne voient pas vieillir. Aussi, lorsqu'à l'occasion d'un examen de routine, une maladie grave est diagnostiquée, la vieille femme va garder pied, sûre de gagner cette bataille. Sa fille, la narratrice, est moins optimiste et s'inquiète des médecins dont sa mère s'entoure qu'elle trouve peu professionnels. Sur ce point, les deux femmes s'opposent. La fille voudrait faire ausculter sa mère par les plus grands spécialistes du pays mais cette dernière s'y refuse. La narratrice s'inquiète, est perdue dans l'univers médical qu'elle découvre. Très vite, il s'avère que la maladie est bien implantée et que madame B. ne la surmontera pas. Ce constat va éloigner les deux femmes qui ne se comprennent plus. La narratrice ne comprend pas ce dont sa mère a besoin et elle s'en veut de parfois détester sa mère qui entend gérer sa fin de vie comme elle l'a toujours fait : en prenant elle-même ses décisions. Sa fille se sent inutile, spectatrice.

Le style de l'auteur est agréable. Cette dernière ne tombe pas dans le voyeurisme et le sordide. Elle relate deux années difficiles dans la vie d'une famille. Les difficultés à communiquer lorsqu'un événement tragique survient. L'éloignement de personnes qui sont liées par un amour profond. L'incompréhension face à la maladie et la difficulté de se rendre à l'évidence lorsque la maladie a gagné. C'est un joli livre, émouvant et triste par son sujet.

Comments

[yoshi73]

@ Anne : C'est vrai que la couverture est réussie!



@ Mango : ce livre est bien écrit et s'arrête surtout sur la relation mère/fille dans cette épreuve. Il est assez court et se lit très vite.

[Mango]

J'ai l'impression que ça m'intéresserait aussi!

[Anne]

Je ne connaissais pas du tout ! La couverture est très jolie et le sujet m'intéresse beaucoup, je le note !