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20 décembre 2014

"Crime d'honneur" d'Elif Shafak

crimedhonneur"Crime d'honneur" d'Elif Shafak, Editions Phébus, 2012.

Quatrième de couverture : "Ma mère est morte deux fois." C'est par ces mots qu'Esma, jeune femme kurde, commence le récit de l'histoire de sa famille née sur les rives de l'Euphrate et émigrée à Londres en 1970. L'histoire, d'abord, de sa grand-mère dans le village de Mala Car Bayan, désespérée de ne mettre au monde que des filles, elle qui sait combien la vie ne les épargnera pas. L'histoire de sa mère, Pembe la superstitieuse, et de sa tante, Jamila la guérisseuse, soeurs jumelles aux destins très différents. L'histoire des hommes aussi, celle de son père, tour à tour aimant, violent, fuyant et celles de ses frères, Yunus le rêveur, et Iskender. Iskender, l'enfant chéri de sa mère, la "prunelle de ses yeux", son "sultan". Son meurtrier. Enfin, l'histoire de ces immigrés qui ont choisi l'exil pour vivre de miracles et croire aux mirages, qui ont choisi la liberté et l'amour quand d'autres restent ancrés dans les traditions et portent au pinacle l'honneur d'une famille.

Première phrase du livre : "Ma mère est morte deux fois".

Mon avis : Dans ce roman, Elif Shafak raconte l'histoire d'une famille kurde émigrée en Angleterre. Pembe, la mère, a grandi dans un petit village au fin fond de la Turquie, Mala Car Bayan. Avec sa soeur jumelle, Jamila, elles sont les 7ème et 8ème filles de la fratrie. Leur mère est au désespoir et espère toujours que Dieu lui permettra de mettre au monde un fils. Mais elle mourra en couches sans avoir vu le "miracle" se réaliser. Pembe rêve de voyages et de contrées lointaines alors que sa soeur se montre plus casanière. Elle épouse Adem, un jeune homme de passage dans le village dont elle n'est pas amoureuse. Lui non plus d'ailleurs. Leur premier enfant est un garçon. Pembe a rompu la "malédiction familiale". Ce premier fils, Iskender, est la prunelle de ses yeux, elle lui passe tous ses caprices et entretient un rapport fusionnel avec lui. Après avoir eu son deuxième enfant, Esma, le couple part s'installer à Londres. C'est dans cette nouvelle ville que naîtra Yunus, le dernier enfant de la fratrie. Cette installation dans un pays étranger avec une culture très différente n'est pas vécue avec la même facilité par tous les membres de la famille. Adem va vite se perdre. Il succombe au démon du jeu jusqu'à perdre la majeure partie de son argent. Il abandonne sa famille pour suivre une belle rousse rencontrée dans un bar. Suite à la désertion paternelle, la famille, bancale, doit trouver un nouvel équilibre. Pembe, maintenant seule avec ses trois enfants, est contrainte de trouver un emploi. Elle découvre alors un monde qui lui était inconnu jusqu'alors. Ses moindres mouvements sont néanmoins surveillés par les membres de la Communauté turque au sein de laquelle elle vit. Iskender, en qualité de fils aîné, se croit investi du rôle de chef de famille. Un rôle bien lourd pour ses épaules d'adolescent. C'est de ce rôle que va naître la tragédie : le meurtre de sa propre mère.

Elif Shafak n'a pas son pareil pour plonger le lecteur dans l'histoire d'une famille sur plusieurs générations. Elle dresse avec brio des portraits singuliers et attachants. Le lecteur vit au rythme des difficultés et des désillusions de cette famille. L'auteur aborde la thématique de l'immigration en mettant en avant les difficultés inhérentes aux différences culturelles, sans toutefois, il me semble, tomber dans le jugement. C'est un roman que j'ai pris beaucoup de plaisir à lire, d'autant plus en raison du "rebondissement" de la dernière partie du livre. Un livre émouvant et passionnant.

Ma note : 9/10

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Commentaires
T
J'avais beaucoup aimé La Bâtarde d'Istanbul, cette lecture me tente aussi :)
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