"L'économie du ciel" de Jacques Chessex
"L'économie du ciel", Jacques Chessex, Éditions Grasset, 2003, 85 pages.
Quatrième de couverture : Je suis figé au bord de la route, mon père s'est arrêté lui aussi,
maintenant il vient sur moi, il me saisit durement par le bras, le
chapeau est baissé sur les yeux, sur les lunettes, le col du manteau
relevé, mon père est pâle, les yeux bleus terriblement brillent. Il me
tient toujours par le bras, il regarde autour de lui, devant, derrière.
Il n'y a personne dit sa voix que je reconnais mal. Personne. Et toi tu
ne m'as pas vu. Souviens-toiSouviens-toi. Toi tu ne m'as pas vu à ce moment et sur
ce chemin. Il m'a lâché, il ne me regarde pas, déjà il marche à grands
pas, le chapeau enfoncé, le col haut, sur la route où il n'y a
personne. Pourquoi le père du narrateur rôde-t-il sur cette route, où
il n'a que faire, dans la lumière cotonneuse de l'automne ? De quel
prix un secret peut-il se payer ? Les morts réclament-ils d'avoir la
paix ? L'enfant de huit ans, auquel on a demandé de se taire, se
confesse enfin, des années après. En un récit implacable, où chaque mot
pénètre la conscience du lecteur et la marque à l'acide de la vérité,
Jacques Chessex diffuse le secret qui l'a rongé pendant si longtemps.
Roman des origines, enquête sur un père au-dessus de tout soupçon,
rêverie sur les oiseaux, aspiration à la pureté : quel que soit le
genre, L'Economie du ciel est un texte majeur.
Mon avis : "L'économie du ciel", c'est le retour de Jacques Chessex sur un moment clé de son enfance. Un jour, alors qu'il rentre de l'école plus tôt que prévu, il croise son père sur le chemin. Ce père qui devrait être au travail compte tenu de l'heure. Ce père qui va imposer le silence à son fils en lui demandant d'oublier qu'il l'a vu. Jacques Chessex va cacher cette rencontre à la police quand celle-ci va ouvrir une enquête sur la mort suspecte d'une femme du voisinage. Ce n'est qu'adulte et à travers l'écriture qu'il va se sentir capable de livrer la vérité. Une vérité toute parcellaire car, finalement, Jacques Chessex n'a que très peu d'informations sur ce qui s'est réellement passé ce jour-là. La seule personne qui aurait pu lui apporter des précisions, l'enquêteur qui l'a hanté pendant des années, meurt sans que Jacques Chessex, après bien des hésitations, ne lui ait rendu visite. Cette histoire qui le lie avec son père occupe la moitié du roman.
Dans la deuxième moitié, l'auteur parle de sa "passion" pour les oiseaux et de sa rencontre avec une femme qui lui fait une demande bien particulière.
Si, dans un premier temps, les deux histoires semblent n'avoir aucun lien, elles finissent par se lire en miroir.
Finalement, ce petit livre de moins de 100 pages qui se lit en très peu de temps est très personnel et appelle des interrogations pour le lecteur.
J'ai trouvé ce livre assez déstabilisant. Sans avoir détesté, je dois dire que j'ai préféré mes précédentes lectures de cet auteur.